À propos de nous/Historique
En 1955, deux membres du parlement fédéral dénoncent
l’abus des compagnies forestières, qu’ils accusent de s’entendre pour payer le bois
des cultivateurs à prix injustes. Le député Bona Arseneault accuse les
compagnies papetières de faire des profits allant jusqu’à 40,00 $ la corde
sur le bois des cultivateurs.
En novembre 1955, lors d’une conférence organisée par le
comité forestier de l’Union catholique des cultivateurs (UCC) de l’Abitibi,
regroupant environs 200 personnes dont plusieurs acheteurs de bois et quelques
employés de compagnies forestières et la plupart des cultivateurs intéressés à
la vente de bois de pulpe, M. Arseneault indique que les compagnies forestières
font perdre aux cultivateurs de l’Abitibi 1 000 000 $ en ne
payant pas un prix raisonnable, le bois qu’elles achètent des cultivateurs,
soit une somme moyenne de 10 $ inférieure au prix qu’elles devraient
payer. Cette conférence fut applaudie par tous et en particulier par les
acheteurs de bois et les employés des compagnies qui étaient présents.
Le conseil général de L’UCC demande au gouvernement
provincial de fixer un prix minimum de 20 $ la corde pour le bois des
cultivateurs. Le premier Ministre répond à cette demande qu’il ne serait pas
désirable que le Gouvernement intervienne directement par une législation, mais
qu’en vertu d’une loi de mise en marché des produits agricoles, les
cultivateurs pourront faire eux même ce qu’ils demandent au Gouvernement. Au
mois de février 1956, la législature provinciale vote à l’unanimité, la Loi des
marchés agricoles et crée l’Office des marchés agricoles du Québec pour
administrer cette loi.
Le 21 août 1956, 37 cultivateurs de l’Abitibi se
réunissent dans le but de fonder un syndicat dont le principal objectif est de
promouvoir les intérêts des cultivateurs intéressés à la mise en marché du
bois. Le 17 septembre suivant, le Syndicat est finalement formé sous le nom de
Syndicat des producteurs de bois du Nord-Ouest québécois (UCC). En octobre
1957, l’Office des marchés agricoles autorise la tenue d’un référendum chez les
producteurs de bois de pulpe de l’Abitibi, afin de voter pour l’application de
leur Plan conjoint. Le 10 janvier, le président de l’Office des producteurs de
bois, M. Sylva Cloutier, assiste au dépouillement du scrutin au bureau de
l’office provincial et constate une participation de 81 % des producteurs
appelés à voter et 98 % d’eux ont voté en faveur du Plan conjoint. Le plan
conjoint des producteurs de bois de pulpe du nord-ouest québécois est publié
dans la Gazette officielle le 18 janvier 1958.
L’Office des producteurs de bois de pulpe du Nord-Ouest
québécois est désormais le seul organisme autorisé à fixer les conditions de
mise en marché du bois de pulpe des cultivateurs de la région. En mars, les
acheteurs de bois et l’Office se rencontrent dans le but de fixer les
conditions de mise en marché. Les 40 acheteurs de bois présent décidèrent de
fonder une association qui est accréditée par
l’Office provinciale et les représentants sont autorisés à
négocier au nom de tous les acheteurs, les conditions de mise en marché du bois
de pulpe de la région.
Malgré le plan conjoint et les multiples démarches de la
part de l’association des acheteurs, les compagnies refusent de négocier avec
eux un contrat, alléguant que leur programme d’achat n’est pas déterminé. Les
compagnies préfèrent de loin s’approvisionner sur les terres de la Couronne
plutôt que d’acheter le bois des cultivateurs qui demandent pourtant un prix
raisonnable. Les cultivateurs se sentent impuissants face aux « compagnies
toutes puissantes », plusieurs ont de la difficulté à nourrir leur
famille. Certains producteurs préfèrent obtenir un prix variant entre 6 $
et 9 $ la corde brute, d’autres échangent leur bois contre des denrées
alimentaires.
Le 22 juillet 1958, les présidents et secrétaires de
l’Office et de l’association des acheteurs se rendirent à Québec en vue de
rencontrer le Ministre des terres et forêts et celui de la colonisation. Ces
derniers étant absents, ils ont rencontré le sous-ministre de la colonisation
qui leur a assuré la plus sincère sympathie. L’assistant du sous-ministre des
terres et forêts dit qu’il n’y a pas à sa connaissance de contrôle pour
l’émission de permis d’expéditions de bois de pulpe en dehors de la province.
Il leur a assuré qu’il s’informerait afin de découvrir cette réglementation et
ferait part au ministre de leur visite.
Par la suite, l’Office écrit une lettre à
l’honorable ministre des terres et forêts dans laquelle il expose les principes
qu’il croit être les seuls capables de solutionner le problème du bois. Il
demande entre autre une réglementation des coupes sur les terrains de la
Couronne de façon à laisser de la place sur le marché pour le bois des
cultivateurs. Il demande également la franchise pour l’expédition du bois en
dehors de la province.
Le 14 octobre, le ministre des terres et forêts accepte
de rencontrer les représentants de l’Office à l’occasion de son voyage en
Abitibi pour le congrès de l’Association forestière. C’est également à cette
date qu’il rencontre les représentants des compagnies forestières, ces derniers
ont promis de rencontrer les responsables du Plan conjoint pour trouver une entente
pour l’achat du bois des cultivateurs. Le Ministre se dit confiant des
résultats de cette rencontre.
Une semaine plus tard, à Amos, quelques représentants de
l’Office des producteurs de bois rencontrent le Ministre. Celui-ci se dit
persuadé de la solution du problème si l’Office use de patience et de
diplomatie. Le Ministre exprime l’opinion qu’il n’y a pas de législation lui
permettant de contrôler la coupe du bois sur les limites de la Couronne et
devant l’insistance de l’Office pour un contrôle, il suggère de changer la loi
(Ce que l’Office n’a pas encore réussi à faire). Il est conseillé de maintenir
nos positions et de toujours porter les plaintes par l’intermédiaire de
l’Office des marchés agricoles.
Les acheteurs continuent d’acheter du bois des
cultivateurs à un prix inférieur au prix de l’entente, et la compagnie C.I.P.
nous dit être disposée à entrer sur le marché mais il n’est pas question de
négociations ni de respecter l’entente déjà légale. Elle invite les acheteurs à
obtenir de l’Office une clairance du plan même pour l’achat du bois déjà détenu
par les acheteurs et qui n’est pas soumis aux conditions du plan. Le 27
novembre 1958, l’Office provincial accepte de se substituer à notre Office
et d’entreprendre des procédures contre les acheteurs qui
ne se sont pas conformés à l’entente. Notre Office porte plainte contre 12
acheteurs qui, d’après les rapports de producteurs, ont acheté du bois depuis
le 1er mai.
Au fil des ans, plusieurs acheteurs ne se conforment
toujours pas aux règlements de l’Office. Lors du Conseil d’administration du 29
août 1967, il est décidé de porter plainte contre 7 acheteurs qui ont acheté du
tremble écorcé et ne se sont pas rendus en négociations, et ce même après avoir
été convoqués. De plus, ils ont acheté sans avoir de licence.
Il y avait à l’époque deux Offices des producteurs de
bois régissant chacun leur Plan conjoint, soit l’Office des producteurs de bois
de pulpe du Nord-Ouest québécois et l’Office des producteurs de bois du
Témiscamingue. Le 18 octobre 1971, ils décidèrent de fusionner les deux
Offices, le 2 février 1972, la fusion fut acceptée par la Régie des marchés
agricoles du Québec. L’Office porte maintenant le nom de « Office des
producteurs de bois d’Abitibi-Témiscamingue » et son siège social est
situé à Rouyn-Noranda.